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Si le thrash métal (style plus lourd, nerveux et rapide que le heavy métal) a connu le zénith de sa popularité au cours des années 1980 grâce à l’arrivée de groupes tels que Metallica, Slayer et Megadeth, ses racines remontent à la fin des années 1970 avec l’influence déterminante de formations comme Motörhead, Venom et Diamond Head. Plus près de nous, c’est en 1982 qu’un quatuor nommé Voïvod fait ses premiers pas à Jonquière. Deux ans plus tard, il fait paraître un premier album (War and Pain) sous l’étiquette américaine Metal Blade. Puis, naissent les Damnation, Agression, Soothsayer, Dead Brain Cells et, en 1989, Anonymus.

En six albums et plus de 1000 spectacles en carrière, la bande n’a cessé de creuser son sillon en chantant en anglais et en français et, par la force des choses, est devenue une véritable institution du thrash métal québécois. Aujourd’hui formé d’Oscar Souto (chant, basse), de son frangin Daniel Souto (guitare), de Carlos Araya (batterie) et de Jean-François Fortin (guitare), le quatuor lançait État brute l’automne dernier. Proposant un son toujours aussi urgent et agressif, l’album marque un retour à des textes essentiellement livrés dans la langue de Molière. « Au fil des ans, on a découvert que nos fans étaient majoritairement francophones. Ils viennent du Québec, de la France, de la Belgique. Retourner au français était une façon de les remercier de leur loyauté. Au début des années 1990, il y avait ce désir de chanter en français, mais au fil des ans, ça s’est détérioré. Beaucoup de groupes ont tenté de percer sur le marché international. On trouvait qu’il y avait très peu de groupes d’ici qui s’exprimaient en français. Avec État brute, on a voulu se réapproprier ce drapeau et représenter le Québec à l’échelle internationale, » confie Souto.

Retour aux sources
Contrairement à l’album précédent, Chapter Chaos Begins, qui s’était échafaudé dans la frustration et la douleur suite au départ de Marco Calliari, État brute se démarque par un retour à une simplicité volontaire. « Pour cet album, le travail fut agréable. Il y a six ans, on a vécu la première et seule séparation du groupe. On était frustrés et l’album fut composé dans un sentiment de rage. État brute fut créé dans la bonne humeur et la joie, sans aucune pression. On savait que c’était un album qui allait être vite fait. On avait trois mois pour composer les chansons. On ne s’est pas compliqué la vie et on a cessé de se poser mille questions à propos des arrangements. On voulait un disque rentre-dedans avec de bons riffs qui préservait néanmoins notre agressivité, » avance l’homme de 38 ans.

Bouillabaisse créative
Alors qu’Oscar s’occupe de rédiger les textes (une fois les musiques composées) ainsi que les mélodies vocales, le reste de l’aspect créatif appartient au groupe en entier. Chaque membre met la main à la pâte. Souto explique : « Notre groupe est comme un chaudron rempli de spaghettis. Tout le monde y ajoute son épice ou son ingrédient particulier. Si quelqu’un a une bonne idée, il la partage avec les autres. C’est très démocratique. On travaille ensemble, puis c’est à moi d’écrire les mélodies vocales et les paroles. Le défi est de toujours arriver avec une mélodie punchée et mémorable. Pour moi, la voix est un instrument à part entière. C’est ce qui donne un sens à la musique. Ce qu’on aime, c’est l’aspect accrocheur. Il faut être capable de chanter le refrain ou une ligne vocale. Lorsque tu finis d’écouter une chanson, il faut qu’elle te reste collée en tête. »

Bêtes de scène
Marqué au fer rouge par l’album And justice for all… de Metallica, Oscar estime que ce qui anime encore et toujours le groupe après toutes ces années est de débarquer avec du nouveau matériel et de le présenter devant un public réceptif. « Ce qui nous motive est d’écrire des chansons. Nous sommes, d’abord et avant tout, des musiciens et nous avons la chance d’avoir un public qui est encore intéressé à écouter notre musique. C’est un privilège d’être écouté, tu sais. Cinq minutes avant un spectacle, il nous arrive d’être fatigués, mais on doit oublier tous nos maux et notre manque de sommeil en sautant sur scène. Lorsque les gens devant nous chantent nos paroles et lèvent le poing dans les airs, c’est la plus belle source de motivation au monde. C’est pour ça qu’on continue. Être dans un groupe thrash métal au Québec, ce n’est vraiment pas facile. Je te le jure. Sans la fidélité de notre public, ça ferait longtemps qu’on aurait tiré la plogue. »

En plus de continuer à promouvoir le nouveau-né, le clan Anonymus roulera sur les routes québécoises et présentera des spectacles aux quatre coins de la province, et ce, jusqu’en décembre. Évoquant aussi la possibilité d’une escale en Europe (Belgique, Suisse, France) au cours des prochains mois, Oscar hésite quelque peu lorsqu’on lui demande s’il y aura une suite aux aventures ludiques avec Mononc’ Serge. « Qui sait? L’avenir nous le dira, mais je pense qu’on retravaillera ensemble éventuellement. C’est une toute autre dynamique pour nous tous et c’est très plaisant. C’est ça qui compte aujourd’hui : le plaisir. Plus je vieillis, plus je suis fou, mais la récupération est aussi beaucoup plus difficile. On survit. C’est ce qui importe. » Pas facile la vie de métalleux.