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Le catalogue de Guy Bélanger comprend (seul ou en collaboration) la musique de cinq longs et plusieurs courts métrages, trois productions du Cirque du Soleil, Nuda, Wintuk et Viva Elvis!, des émissions comme Dieu créa Laflaque… ou encore Lies and Deception pour la télé américaine, des radiofictions, des publicités, de même que deux disques solos en deux ans, un premier homonyme en 2008, et le récent Crossroads chez Bros. Et c’est sans compter ses participations à d’innombrables albums. Après plus de 35 ans de carrière, il demeure toujours « addict de la musique, de l’harmonica, des rencontres, des aventures ». Plusieurs prix ont couronné le tout, dont trois Lys Blues et deux Jutra, l’un pour le sublime Gaz Bar Blues et celui de la meilleure musique originale partagé, en mars dernier, avec Benoît Charest pour Route 132.

Pas mal pour cet autodidacte qui n’est pas issu d’une famille de musiciens, à qui un camarade de polyvalente a littéralement arraché sa flûte à bec en plastique pour lui donner son premier harmonica et qui, à 16 ans, tâtait déjà du ruine-babines aux côtés de Bob Walsh, puis au sein de la formation Delta Blues Band. « J’en ai fait des bars à 70 piastres par soir avec un bar bill de 40 $…, » relate Guy Bélanger, qui s’intéressait alors aussi au journalisme et au graphisme. Et ses collaborations ! Plus d’une soixantaine : Les Colocs, Gildor Roy, France D’Amour, Éric Lapointe, Steve Hill, Michel Cusson, Kim Richardson, Pierre Flynn, Chloé Sainte-Marie, Renée Martel, Joane Labelle, La Chicane, le regretté Gaston Mandeville et tant d’autres. Sur disque, sur scène, le blues, il adore. Mais ce fou de musique, qui se nourrit autant de folk, de pop, de rock, de country que de classique, aime explorer tous les genres musicaux : « Je suis plus harmoniciste que bluesman. »

« Dans la création, je m’amuse beaucoup. Quelqu’un a déjà dit de moi que j’étais un bon rassembleur. J’ai toujours vu ça comme un trip de gang, faire de la musique. » Puis sa vie a de nouveau bifurqué avec la rencontre, en 2003, du guitariste Claude Fradette, avec lequel il signe entre autres depuis trois saisons toutes les musiques de la série Les Boys. Le tandem, qui faisait également équipe pour Gaz Bar Blues, film qui a permis à Guy Bélanger de s’initier à la composition, et pour The Timekeeper, s’assoit chaque semaine avec le réalisateur Louis Saïa, puis chacun regagne son studio pour composer la moitié des pièces de l’épisode suivant.

« Je fais confiance à mon instinct. Mais je remets toujours 20 fois l’ouvrage sur le métier. Je me mets les barres hautes. Après ça, je deal avec moi. C’est tout le temps une recherche. Moi, je suis un ouvrier. Je suis comme ça. Mon père était de même, mon frère est comme ça au cinéma aussi. Un ouvrier qui essaie de bien faire sa job de bijoutier. Chez nous, on est sept et on a tous été encouragés dans ce qu’on faisait. Tout le monde voyage beaucoup. On a toujours aimé aller voir ailleurs si on était là. Et, en fin de compte, on y était ! »

Ce qui inspire Guy Bélanger ? L’au-delà de lui-même. Les tournées, bien sûr, ici comme en Europe notamment, avec son indispensable copine : sa ceinture armée d’harmonicas. Mais avant tout le chant. Bob Walsh, le premier, les James Taylor, John Hiatt, Lyle Lovett. Des harmonicistes comme Paul Butterfield, Norton Buffalo et l’incontournable Little Water, de même que bien des mélodistes, à commencer par Bill Evans et Keith Jarrett… ainsi que la vision et la persévérance de bien des gens avec qui il a collaboré, particulièrement tous les Dédé Fortin de ce monde.

Sans oublier la scène, qui lui est indispensable. « Moi, performer, c’est important. Devant le monde. » Il se compte d’ailleurs privilégié d’être parmi les rares musiciens à attirer un large public à des spectacles essentiellement instrumentaux. « Il y a des chansons dans le spectacle, mais ce n’est pas un tour de chant ! C’est, quelque part, exigeant pour le public de se prêter à l’exercice d’écouter des pièces qui durent 7, 8 minutes. C’est un acte généreux de leur part. »

Ses projets ? D’abord et avant tout se ressourcer, constamment. « Trouver du gaz. C’est ça mon projet : continuer à trouver mon filon de gazoline pour attaquer d’autres projets. » Comment ? En allant à la rencontre des autres, qu’ils soient collègues musiciens, admirateurs ou simples badauds. En demeurant en mouvement, toujours. Et fébrilité, il continue à y avoir : divers engagements cet été, des festivals, la poursuite des Boys, à l’automne l’Europe voire les États-Unis et le Japon, où il a des inconditionnels, et la trame sonore d’une nouvelle série télé. Autant d’offres et d’occasions qui lui permettent de réaliser, en parallèle, ses projets personnels. « C’est la passion qui me tient. Peut-être que ce qui m’anime s’exprime mieux en musique qu’en moi. »

Heureusement, la technologie n’aura probablement jamais raison de cette passion. On a réussi à synthétiser le piano, la basse, les cuivres, les percussions, la voix et quoi encore. Mais l’harmonica, non, et il en est ravi : « C’est gros de même et c’est baveux au boutte ! »