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D’abord connus comme les Beaux Blonds dans la revue musicale Vis ta vinaigrette de Marc Drouin, Patrick Bourgeois (chant, guitare, basse et composition), François Jean (batterie) et Alain Lapointe (claviers, guitare, basse et chant) se rebaptisent les B.B. et font paraître un premier album homonyme à l’automne 1989. Après avoir multiplié les concerts à travers la Belle Province ainsi qu’en terre européenne et raflé trois prix majeurs au Gala de l’ADISQ en 1990, le trio lance Snob (1991) et enchaîne avec un album en concert, Une nuit avec les B.B. (1993), puis 3 (1994). Discrètement, Bonheur facile atterrit dans les bacs dix ans plus tard, suivi d’une compilation de grands succès en 2007. Alors que peu de gens misaient sur la possibilité d’un deuxième retour des B.B., Univers voyait le jour l’automne dernier.

« Après la parution de Bonheur facile, j’avais envie de prendre une pause, lance d’emblée Patrick Bourgeois. J’avais fait le tour de la question et je n’avais plus d’intérêt. Je n’avais plus le feu sacré et j’ai carrément arrêté de faire de la musique. Je me disais que les B.B., c’était fini, ça avait fait son temps. Puis, on a participé aux FrancoFolies en 2008 et on a vu que les gens nous aimaient toujours. Ce fut un choc pour moi. L’automne suivant, j’ai écrit une soixantaine d’idées et de là est né l’album Univers. Ce disque, je l’ai fait avec mon cœur et sans aucune pression. On va vivre avec cet album pendant au moins deux ans. Avec Bonheur facile, on avait le vent dans la face. Là, on l’a dans le dos. On se laisse porter. »

Univers moderne
Coréalisé par Bourgeois et Fred St-Gelais, Univers porte le sceau indélébile du son B.B. (mélodies pop accrocheuses, refrains puissants, ballades épiques) en ajoutant une touche de modernité à l’ensemble. C’est lors d’une fête, l’été dernier, que les chemins de Bourgeois et St-Gelais se croisent. Les hommes discutent de musique et la chimie opère instantanément. « On a décidé d’essayer de faire une chanson ensemble (“Je suis à toi”). Simplement pour voir ce que ça donnerait. La session s’est déroulée dans l’harmonie et la simplicité. Il comprenait exactement où je souhaitais m’en aller avec ce projet. Il devinait le son que j’avais en tête et n’a rien dénaturé. Il était très facile de tomber dans la caricature, la nostalgie ou la parodie. On ne voulait pas non plus être des “vieux jeunes” voulant se mettre à la mode du jour. La marge d’erreur était mince. Pour réussir ce pari, on devait faire preuve d’intégrité, » avance Bourgeois.

Le vent a tourné
Plus de vingt ans ont passé depuis la parution du premier album des B.B. et l’industrie musicale s’est métamorphosée et n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était. Alors que les acheteurs de disques se font de plus en plus rares, les sites de téléchargements pullulent et les salles de spectacles ne se remplissent pas comme jadis. Courageux d’être artiste de nos jours? « Pas nécessairement. Même si, de nos jours, il n’est pas facile de vivre de ce métier, la demande pour les spectacles est là en ce qui nous concerne. Ce sont les shows qui nous motivent à poursuivre. D’accord, les fans de nos débuts sont moins présents qu’avant, mais il reste des irréductibles ainsi qu’une nouvelle génération : les enfants de nos vieux fans. On ne vend pas d’albums comme avant, c’est clair. Aujourd’hui, le disque sert de carte de visite. Il est plus payant de vendre des casquettes! » s’exclame Bourgeois.

Ce sont de sages paroles de Nanette Workman qui l’ont incité à voir les choses d’un angle différent et à ne pas se laisser abattre par les critiques négatives et les bouleversements de l’industrie. Il raconte : « Elle m’a dit : on doit chanter pour ceux qui nous aiment. Point. Plus jeune, je voulais plaire à tout le monde. Même aux critiques qui n’aimaient pas les B.B et nous crachaient dessus. Ça m’a pris beaucoup de temps à comprendre ça, mais aujourd’hui, c’est l’une des plus belles leçons de vie. En vieillissant, je découvre que ce n’est pas la quantité qui importe, mais la qualité. »

Visiblement fébrile, Bourgeois s’est déjà remis à l’écriture et se dit prêt à accepter quelques demandes de collaboration. Toutefois, il estime que les B.B. miseront essentiellement sur les spectacles au cours des prochains mois. « C’est notre force. L’album Univers a été conçu pour la scène. Je n’ai jamais eu autant de plaisir à jouer devant un public et jamais été aussi en voix que maintenant. Mes activités avec les Porn Flakes m’ont grandement aidé. Tu sais, je suis incapable de m’entendre sur les vieux disques des B.B. ! Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à prouver. Le courant passe entre nous. Lorsque nous nous sommes entendus sur un retour, on s’est dit qu’on revenait pour de bon. On a décidé de rester jusqu’à temps qu’on nous appelle les grands-pères du rock ! » À l’image de la chanson « Résistant », les nouveaux B.B. semblent inébranlables.