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Issu de la Vieille Capitale, Benoît Pinette (alias Tire le coyote) faisait paraître un premier album en 2011, Le fleuve en huile. Réalisé par l’habile Dany Placard, l’opus recueillit les bons mots des médias ainsi que des amateurs de folk-rock. Il reçut même une nomination dans la catégorie du meilleur album country au Gala de l’ADISQ. S’il évoquait parfois l’œuvre d’un certain Neil Young, ce n’est pas une pure coïncidence. « C’est un héros musical à moi, lance d’emblée Pinette. Lorsque j’ai écouté l’album compilation Decade qui appartenait à mon grand frère, j’ai eu un frisson. Le folk-rock des années 1960 et 1970 fut une révélation. Je me suis rendu compte que les chansons de Young que je préférais étaient celles à saveur country : “Star Of Bethlehem”, “Heart Of Gold”. Des chansons à la base folk, mais également avec une couche country. Pour moi, tout est parti de là, » raconte celui qui mentionne aussi les noms de Richard Desjardins, Bob Dylan, Woody Guthrie, Skip James et Leadbelly parmi ses héros musicaux.

Paru en janvier dernier, Mitan se veut résolument moins rock que son prédécesseur. Œuvre fragile, personnelle et entièrement francophone, l’album propose une plume imagée, des mélodies raffinées et des ambiances morriconesques. Sur cette deuxième livraison (qui marque le retour de Chantal Archambault aux chœurs), le jeune homme de 32 ans s’aventure encore plus profondément en territoire americana. « Cette fois-ci, j’ai eu envie de mettre les textes et la voix en avant-plan. Au niveau de l’instrumentation, je souhaitais donner un aspect acoustique à l’album. Il y avait aussi la volonté de mettre de l’avant le côté western avec des guitares électriques plus twang. Tout ça sans pour autant négliger le folk en incluant de l’harmonica et de la guitare acoustique, » explique-t-il.

«Il y avait beaucoup de bois. L’acoustique était extraordinaire… Je voulais que ce soit poussiéreux, que l’auditeur puisse pratiquement goûter le sable.»

Enregistré en quatre soirs à l’Espace Hypérion (une aire aménagée à l’intérieur de l’église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier à Québec), l’album a largement bénéficié des composantes du lieu. « Il y avait beaucoup de bois. L’acoustique était extraordinaire. Ça m’a convaincu d’utiliser encore plus d’instruments acoustiques. J’avais cette volonté de donner un esprit de grandeur à l’ensemble. Je voulais que ce soit poussiéreux, que l’auditeur puisse pratiquement goûter le sable. J’avais des images de déserts et de grands espaces en tête. Je ne souhaitais pas utiliser d’effets. L’idée était de garder ça le plus naturel possible. J’ai engagé un preneur de son qui a compris la vibe de l’église. Ce disque se rapproche vraiment d’un album live. La batterie, la basse et deux guitares ont été enregistrées live, » soutient-il.

Changement de stratégie et première pour l’homme : cette fois-ci, Pinette a décidé de prendre le contrôle de la console et de réaliser lui-même l’album. Une courageuse décision qu’il ne regrette aucunement : « Je pense que j’étais rendu là. J’avais une idée tellement précise de ce que j’entendais avec les chansons que je ne trouvais pas pertinent de faire entrer un réalisateur là-dedans. Ça ne servait à rien de gaspiller une partie du budget. Je croyais fermement à mes idées. Je ne voulais rien cacher et je me suis fait confiance. Je me suis dit que j’allais m’en tenir à ma petite voix intérieure et je peux affirmer que j’ai fait ce que j’avais en tête. »

Et on le croit sur parole. Avec Mitan, Benoit assume entièrement son rôle de raconteur. L’auteur-compositeur-interprète échafaude ses brûlots country-folk avec minutie, tout en préconisant un sentiment de spontanéité. Bref, à la manière d’un véritable artisan. « De manière générale, je trouve la mélodie d’une chanson en grattant la guitare. Je plaque quelques accords. Puis, je place un texte au dessus de tout ça. Parfois, j’ai un thème bien précis. D’autres fois non. À certaines occasions, ce n’est qu’un seul mot qui me plaît (comme “Chainsaw”). Tantôt, c’est de l’écriture automatique (comme sur “Jésus”). Ça peut aussi venir d’une image, une métaphore qui me dictera un thème, puis des mots. Je reste toujours ouvert aux possibilités, » avance-t-il.

Avec cette nouvelle galette sous le bras, le coyote rêve maintenant à la scène. « Je suis rendu à une étape où j’ai envie d’aller à la rencontre du monde. Plus que jamais, je veux faire découvrir ce que je fais. Sur scène, je commence à avoir une bonne vibe avec les musiciens. J’ai de plus en plus de plaisir à jouer et à parler aux gens. Et puis, d’un autre côté, je suis toujours en train de composer. Je ne peux pas m’arrêter. C’est une véritable maladie! » En entendant le résultat concluant de l’album, on ne souhaite pas qu’il trouve le remède de sitôt.