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C’est en août 2003 que l’Acadien Pascal Lejeune se produit pour la toute première fois en public avec ses chansons. Après avoir récolté quelques récompenses (dont le Prix Acadie-RIDEAU), participé à divers festivals et offert des spectacles en France, en Belgique, dans les Maritimes et à travers le Québec, il fait paraître un premier album en 2007, Le commun des bordels. L’année suivante, le jeune homme présente plus de 75 spectacles à travers le Canada et l’une de ses chansons (« Bilingue in Paris ») est utilisée pour une pub de la compagnie Canon et diffusée dans certaines salles de cinéma. Plus tôt, cette année, il récidivait avec Adélaïde, un deuxième opus dont le titre fut déniché lors d’une escale à Toronto. « Je travaillais sur l’album et j’errais dans les rues. Je savais que je devais trouver un titre au disque, puis, sans avertissement, j’ai découvert une rue nommée Adélaïde. Dès que j’ai vu le mot sur la pancarte, j’ai su que c’était le titre que je cherchais. Il y avait un aspect à la fois rétro et savoureux dans ce nom, de même qu’une certaine poésie. Le soir, je suis retourné dans ma chambre d’hôtel et j’ai composé la chanson. J’avais déjà un bout de texte qui traînait et qui collait parfaitement avec le nouveau couplet ! » s’exclame l’homme de 32 ans.

Appuyé par Yves Desrosiers à la réalisation ainsi que quelques collègues de ce dernier (dont le fidèle Gilles Brisebois), Pascal enregistra ses nouveaux titres le printemps dernier dans le studio maison de Desrosiers, à Montréal. Élargissant considérablement sa palette sonore, Adélaïde marque une nette évolution musicale pour l’Acadien. « Lorsqu’un artiste débute sa carrière, il a tendance à imiter ses idoles. Pour le premier album, j’écoutais des artistes comme Brassens et mes chansons étaient calquées sur le modèle de la chanson française. Pour Adélaïde, je désirais aller de l’avant, oser et créer un univers qui me ressemblait davantage. Essentiellement, je voulais faire ce que j’aimais et j’ai pris les moyens pour arriver à mes fins. Je ne voulais pas m’imposer de contraintes, » confie-t-il.

Remplis à craquer de jeux de mots savoureux, intelligents, poétiques, tantôt empreints d’humour, tantôt poignants, les textes du jeune artiste abordent le quotidien d’une façon particulièrement imagée. Ayant un faible prononcé pour la spontanéité, le prolifique auteur échafaude ses chansons d’une façon particulière. Il explique : « Je fais beaucoup d’écriture automatique. En tournée, lorsque je n’ai rien à faire, sur la route ou dans une chambre d’hôtel, j’écris sans cesse. Je peux y aller de trois ou quatre pages à chaque jour. Sans trop réfléchir, sans trouver de fil conducteur entre mes idées, je laisse couler les mots. Ensuite, je trouve un mot ou une phrase qui m’allume. Puis, j’écris une chanson complète à partir de ces segments. Ce boulot est plus ardu car il faut raconter une histoire, vécue ou fictive, avec des bouts de ficelle. C’est un travail complexe, en plusieurs étapes. »
Ayant grandi dans une famille possédant une imposante collection de vinyles, le jeune homme se gave d’artistes folk québécois : Harmonium, Beau Dommage, Paul Piché, Plume et compagnie. « Alors que tout le monde écoutait Nirvana et Pearl Jam, j’étais un inconditionnel de Beau Dommage. Je n’ai jamais accroché à la musique grunge. Pendant très longtemps, j’ai renié ces influences, puis j’ai fini par m’assumer. Lorsque j’étais jeune, ce n’était pas cool d’écouter de la musique française. Les gens écoutaient des artistes américains, mais lorsque Jean Leloup et ces autres fous sont débarqués, les choses ont radicalement changé. C’était devenu acceptable d’écouter de la musique venant d’ici, » avance-t-il.

Avec ses nombreuses escales en territoires européens au cours des dernières années (il revient tout juste d’un séjour en France), Pascal Lejeune n’a jamais caché son intention de percer à l’échelle internationale. Même s’il ne renie pas ses racines acadiennes, il ne souhaite aucunement devenir ambassadeur de la grande tradition musicale de son patelin. « Lorsqu’on pense à un artiste acadien, on l’associe automatiquement à la musique folklorique. Ce qui m’agace, c’est que l’on soulève constamment cette question de l’origine d’un artiste. Pour moi, c’est la musique qui compte avant tout. Mon origine n’est pas nécessairement importante. Ça ne m’ennuie pas d’être Acadien. Au contraire, j’en suis fier, mais chanter l’Acadie ne m’intéresse pas. Plusieurs l’ont fait auparavant, plusieurs le feront dans l’avenir. Ce qui m’intéresse, c’est de tracer mon propre parcours. C’est simple : je veux faire des spectacles. Partout où l’on voudra de moi, je vais y aller ! » Déterminé, ce Pascal Lejeune.