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Drôle de parcours que celui de Cindy Doire, auteure-compositrice-interprète atypique qui se laisse porter par les rencontres et les hasards de la vie. L’Ontarienne lançait en mai dernier un deuxième album joliment intitulé Chapeau de pluie.

 

Nous l’avons attrapée dans sa van de tournée, sur la route en direction de Bayfield, à un moment où la tuque de laine était de mise. « J’ai habité durant trois ans à Toronto, maintenant j’ai un appart à Montréal, mais j’y suis pratiquement jamais… Toujours dans mes valises, c’est l’histoire de ma vie! Je trouve ça moins évident en hiver. Tu peux pas t’arrêter dans un parc pour pique-niquer. Au moins, je suis bien entourée : ma meilleure amie, l’artiste Andrea Ramolo, voyage avec moi. Comme on se voit peu, on s’est organisé une petite tournée ensemble. Je suis habituée à jouer avec un band, là c’est plus épuré comme show. Deux filles on the road… On se paye du bon temps. » Dans le lecteur, les disques de Patrick Watson, de Lhasa et de Gainsbourg succèdent à ceux d’amis musiciens rencontrés sur la route. « On en profite pour faire des découvertes!, » s’enthousiasme-t-elle. Pas de doute, il y a de l’ambiance dans cette van-là.

 

French Kiss

Alors que bon nombre d’artistes québécois francophones se posent la question de la langue à adopter pour mener une carrière musicale, Cindy Doire, originaire de Timmins en Ontario, a embrassé la langue française. « Le français est ma langue maternelle, mais très tôt je suis devenue bilingue… C’est pas évident d’être une petite Francophone à Timmins. À mes débuts, en 2003, on m’a invitée à faire un spectacle. Quand j’ai vu le programme, j’ai compris que j’allais être entourée d’artistes francophones… Ça faisait longtemps que je n’avais parlé français. J’étais presque complètement assimilée, très rouillée. Au lieu d’annuler, je me suis lancé le défi d’écrire en peu de temps quelques chansons en français. Mon niveau de français était bas, j’avais perdu une partie de mon vocabulaire… Puis, j’ai rencontré un réalisateur qui m’a encouragée à poursuivre dans cette voie. Je me suis senti appuyée dans ma démarche. Le fait de chanter en français m’a finalement ouvert bien des portes. »

 

De son propre aveu, chanter dans la langue de Damien Robitaille est aussi une question d’identité. « Mon père, décédé en 1998, était québécois. Il nous a sensibilisées, ma sœur et moi, à cette composante de notre culture. C’est lui qui m’a offert ma première guitare un mois avant de mourir… Si on m’avait dit à ce moment-là que je ferais carrière en musique, en français à part ça, j’aurais répondu : “No way in hell!”, rigole Cindy. Je n’y aurais pas cru. »

 

Musiques d’Amérique

Textes en français, donc, pour celle qui a longuement étudié les langues modernes et se destinait à devenir professeur, sur des musiques typiquement nord-américaines. Alors que son premier album (La vie en bleu) prenait forme au carrefour du jazz, du folk et du style cabaret, Chapeau de pluie, enregistré à Nashville avec des musiciens d’expérience, collaborateurs d’Emmylou Harris et de Johnny Cash notamment, présente des traces de country et de blues sur une base pop-folk. À la réalisation, Colin Lindell pilote l’affaire. « Quand je réécoute mon premier album, j’entends mes insécurités. On comprenait mal les mots et c’était ma première expérience en studio. Avec Colin, on a pris notre temps. Je suis fière du résultat; c’est un album qui me ressemble. »

 

L’image du chapeau de pluie qui donne son nom au gravé évoque l’idée d’être protégé contre quelque chose de gris. « L’année précédente en avait été une de transitions et d’épreuves multiples. J’en étais consciente; j’avais décidé d’y aller avec le courant. J’acceptais que la pluie continue à me tomber dessus en sachant que j’allais m’en sortir à un moment donné. Je suis quelqu’un d’assez positif; je crois que l’univers nous rend ce qu’on a projeté en lui. Sur la photo de pochette, il pleut sur moi. J’ai un parapluie, mais il ne me couvre pas, comme si je disais : “Amenez-en, je suis capable d’en prendre!” Les chansons ont été écrites dans cet esprit-là. »

 

En plus de sillonner l’Ontario et le Québec pour y semer ses tours de chants, Cindy Doire a de nombreux projets en tête. L’agenda 2010 est déjà bien rempli : « J’ai participé à un spectacle intitulé La Poésie qui résonne, lors duquel on m’a demandé de composer des musiques pour accompagner les textes de Gaston Miron, Patrice Desbiens, Paul Savoie et compagnie… Il est question qu’on enregistre le résultat. Et aussi, je travaille sur un album en… anglais! Il reste à ramasser les sous pour aller en studio, ce qui devrait se produire d’ici la fin de l’année. »