Souvent, on connaît une musique sans savoir le nom de l’auteur ni l’interprète, juste un air qu’on entend à la radio, à la télé, dans une pub. Ainsi, on a fredonné des notes du groupe québécois Dazmo pendant longtemps puisqu’il signe les génériques, entre autres, de Rumeurs, La Galère, Le Cercle, Six dans la cité, La Petite Séduction, Paquet voleur, sans oublier le thème des Jeux Olympiques de Pékin et une poignée de partitions de films (Les Grandes Chaleurs, Le Piège américain). C’est ce qu’on appelle de la musique audiovisuelle. Celle-ci inclut parfois aussi des chansons, comme « Don’t misunderstand me », écrite pour la série La Galère, et qui fut numéro 1 sur Zik.ca pendant 16 semaines en 2009.

 

Pour Iohann Martin, batteur et membre fondateur de Dazmo, il s’agit d’une histoire qui remonte à loin : « Chacun de nous, on a eu auparavant notre propre groupe. Rudy Toussaint [claviers] était dans Rudeluck. Ce qu’on aime, c’est collaborer avec d’autres musiciens, que ce soit pour un album ou une série télé. Mon père était producteur de disques, alors j’ai traîné longtemps en studio. La musique pour l’image, ça m’a toujours passionné. » Du côté de Rudy, même son de cloche : « Faire de la musique audiovisuelle, c’était un rêve d’enfance pour moi. Un jour, vers 19 ans, je me suis dit que je voulais faire de la musique de cinéma ou de télé. Je remarquais toujours ça, la musique dans les émissions de télé et au cinéma. Dans le fond, c’est Rudeluck qui était une erreur de parcours!, lance-t-il en rigolant doucement. Non, Rudeluck, c’était une école, on a appris beaucoup. »

 

Mais il n’y pas que les notes qui entrent dans la composition de musique audiovisuelle. Dans le cas de la série Rumeurs, Dazmo a inclus à la trame sonore une série de bruitages, d’onomatopées. Iohann s’en souvient : « Les fameux AHHHH, Oh!, c’est nous qui avions fait ça à un moment donné lorsqu’on a regardé les premières émissions. Il y avait un côté très abrupt aux dialogues d’Isabelle Langlois qu’on a souligné ainsi. Nous disposions d’une grande liberté. Ce n’est pas toujours le cas. » Pour Rumeurs, la musique surligne l’humour, un peu comme le faisaient jadis les rires préenregistrés.

 

« La musique audiovisuelle, souvent, tu ne la remarques même pas, note Rudy. Même si elle t’a transporté d’une façon subconsciente. Un peu comme le maquillage : une belle fille bien maquillée, on ne remarque pas son maquillage. » Iohann opine et enchaîne : « Elle a différents rôles. Elle appuie la dramatique. Il faut une musique narrative pour un film ou une série. Pour un thème, il doit y avoir un son, un air qui identifient bien ce qu’on écoute. Ce n’est pas nécessairement quelque chose que j’écouterais dans mon salon mais plutôt un truc qui colle bien à l’émission. »

 

Noyau et ramifications

 

Dazmo a été fondé en 1997, avec le noyau dur Iohann Martin, Rudy Toussaint et Sari Dajani, auteur, compositeur et musicien de jazz qui a réalisé plus de 40 albums pour des artistes locaux et internationaux.

 

Iohann explique la genèse du groupe : « Je suis entré dans la musique de film publicitaire par le biais de la production. J’ai fait part à ma conjointe, Mitsou Gélinas, de mon désir de partir une boîte qui ferait de la musique pour image, de voir si on pouvait faire ça de manière différente. Rapidement, j’ai rencontré Rudy Toussaint. Puis Sari, un an plus tard. » L’ex-chanteuse Mitsou est donc co-fondatrice et co-propriétaire de Dazmo, un membre important de l’équipe.

 

Et justement, ils aiment le travail d’équipe. Iohann : « On cherche le meilleur thème possible. Une fois trouvé, chacun apporte sa contribution, ses idées pour le développer. Pour se répartir les tâches, ça va toujours dépendre de la somme de travail. Quelqu’un peut s’occuper des chansons, d’autres des parties instrumentales. » Rudy précise : « Souvent, l’étincelle vient d’une seule personne. Mais on compose aussi en groupe, en même temps, en direct. On est à la merci des muses. »

 

Aujourd’hui, Dazmo compte deux membres supplémentaires, John Von Aichinger et Julien Turmel, le but étant de diversifier sa palette de couleurs musicales, d’enrichir le dialogue. En bout de ligne, la formation doit offrir la meilleure musique possible, que l’on pourra apprécier dans notre fauteuil, qu’il soit dans notre salon ou au cinéma.

 

En 2010, Dazmo continue sur sa lancée avec ses projets de films et de séries. Ça se construit sur la confiance. Il y a des gens, avec qui le groupe a déjà travaillé, qui refont appel à lui, il y a les rencontres qu’on cherche à provoquer avec des réalisateurs dont il apprécie le talent. Parfois, Dazmo décroche un contrat à la suite d’un hasard, une croisée des chemins fortuite. Tout ça pour composer encore et toujours des notes, que le rêve d’enfance se poursuive.