C’est en septembre 2005 que la formation Jelly Fiche sort la tête de l’eau. Comptant
dans ses rangs Syd, Jean-François Arsenault et Éric Plante, la bande fait paraître en 2008 un premier album, Tout ce que j’ai rêvé. Fièrement autoproduit et mitonné à la maison d’Éric, le disque propose des climats aériens et une poignée de textes du poète trifluvien Guy Marchamps. Aujourd’hui réduit à un duo (Plante a quitté pour se joindre à l’équipe du Cirque du Soleil), Jelly Fiche lançait récemment Symbiose. Ce deuxième compact aux guitares toutes dents sorties est plus mordant et graffignant que son prédécesseur. Il s’inscrit dans la plus pure tradition des albums à concept, s’abreuvant sans gene à la source du rock progressif et relatant une histoire d’amour particulière à travers l’espace-temps.

Syd explique : « En fin de compte, il s’agit d’une quête spirituelle. Ce disque traite de l’équilibre qu’on a au fond de nous, celui que l’on souhaite atteindre. C’est en relation avec la philosophie chinoise. Le bien et le mal. Le yin et le yang. Cette dualité qui nous habite tous. Il y a un aspect très féérique, mystérieux et théâtral à l’ensemble. Sur cet album, on retrouve davantage l’identité du groupe, contrairement au premier où l’on ressentait beaucoup plus nos influences respectives. »

Inspirés par Hendrix, Bowie, Morrison, Led Zeppelin, Harmonium ainsi que par le célèbre The Wall de Pink Floyd, Syd et Jean-François souhaitaient procurer un peu plus d’edge seventies à leur nouveau projet. Ainsi, Symbiose fut enregistré au Studio Frisson à Montréal et marque une nette évolution sur le plan sonore pour le duo. Même s’il préfère que l’on utilise le terme « art-rock » pour qualifier la musique de son groupe, Syd est conscient que Jelly Fiche poursuit fièrement sa route dans des sillons progressifs. « Le terme est souvent péjoratif, je le sais. Au départ, je ne tenais pas à faire du rock progressif. On s’est simplement laissés guider par ce qu’on aimait. Étant signés par une etiquette produisant des artistes de rock progressif (Unicorn Records), il est facile de nous étiqueter de cette façon, mais je considère que notre vision est plus large. On adore la direction empruntée par Karkwa. Ça leur a apporté une certaine clientèle. Je m’identifie beaucoup à ce groupe. On aimerait jouer devant ce genre de public, plus jeune, tout en conservant les vieux fans de rock, » confie l’homme de 42 ans.

Et c’est précisément ce qui se retrouve au programme du tandem pour les prochains mois. Après avoir parcouru le sud de la France l’été dernier, puis effectué un blitz promotionnel et visité bon nombre de stations de radio à travers la Belle Province, les deux musiciens se disent prêts à faire vibrer les foules québécoises. Parallèlement, Syd prépare tranquillement une nouvelle tournée européenne qui prendra son envol en France en mai 2012. « On veut élargir notre public. C’est notre priorité. Visiter les gens puis booker des shows en région. Il y a encore beaucoup de travail qui nous
attend pour faire connaître le groupe ici. Puis, on aimerait s’arrêter en Belgique et en Hollande. Je suis en train de discuter avec des producteurs là-bas. Ça s’annonce vraiment très excitant ! »

En plus de tenir les rênes de Jelly Fiche, Syd et Jean-François sont aussi membres du groupe maison de l’événement Humour Aveugle, présenté au Théâtre Saint-Denis. Multipliant leur participation à ces soirées, les comparses ont aussi effectué des premières parties pour Fish (en 2008) et Asia (l’automne dernier), joué lors de festivals ainsi qu’à une multitude d’événements corporatifs, en plus d’accompagner une poignée d’artistes sur scène. Bref, pas question de se reposer sur ses lauriers si l’on souhaite survivre dans la jungle de la musique québécoise. Pas de tout repos, meme pour des musiciens chevronnés. Syd raconte : « Il est devenu extrêmement difficile de gagner sa vie avec ses chansons. Au fil des ans, j’ai passé à travers différentes phases de remise en question, mais je suis toujours revenu à mes amours. Dans le fond, la musique est un échange d’énergie vitale. La clé est de savoir pourquoi tu en fais. Si c’est pour les mauvaises raisons, tu ne restes pas longtemps dans ce milieu. Être musicien, c’est d’abord et avant tout une passion, un mode de vie. Oui, il faut être fou pour faire ce métier, mais moi, je suis fier d’affirmer que je gagne ma vie avec la musique. Je peux mourir demain et declarer sans gêne que j’ai fait ce que j’ai voulu faire de ma vie. » Bref, heureux comme un poisson dans l’eau!