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Dix ans se seront écoulés entre l’arrivée de Laurence Hélie au studio HitHouse (Espace Dell’Arte) et le lancement de son premier album (Gordon Musique), en mai dernier. D’abord technicienne de son, elle accepte l’invitation de Rick Allison à tenter aussi le métier de choriste. « Je n’avais jamais pensé être choriste dans la vie. Mais, un moment donné, tu te rends compte que tout ce que tu aimes faire, c’est chanter. Ça m’a donné de la confiance, de l’expérience. »

Tout de même, elle hésitait à aller au bout d’un rêve qu’elle chérissait depuis des lustres : réaliser un album à elle. « Je n’osais pas. Mais ç’a toujours été mon plus grand rêve. C’était toujours en ébullition, en moi. Je ne sais pas pourquoi ça m’a pris tant de temps pour y arriver, Je crois que j’avais besoin d’être bien entourée, de trouver l’équipe parfaite, parce que je suis une personne assez entêtée. Et mon album, je l’entendais d’une certaine manière et pas d‘une autre. Je ne voulais aucune contrainte artistique. »

En 2005, elle enregistre un premier démo, entourée d’artistes comme Rick Haworth, Louis-Jean Cormier, Sylvain Clavette et Mario Légaré… « Ils n’ont pas hésité. Ç’a été super cool ! J’étais une no-name, dans le temps. Ç’a été un choc. » L’auteure-compositrice-interprète à l’aube de la trentaine continue de relater ce moment charnière avec une fraîcheur dans la voix et son ton enjoué. « Mon démo était tellement bien ! Ç’aurait pu être l’album. Mais, je sentais que ce n’était pas à point. Je savais trop ce que je ne voulais pas, mais je ne savais pas encore assez ce que je voulais exactement, à ce moment-là.

Poursuivant son exploration pop-country-folk-bluegrass, elle se décide à donner une série de spectacles, en 2007, puis entreprend, en 2009, la réalisation de son premier album, qu’elle autoproduit avec son compagnon, l’ingénieur de son Pascal Desjardins, qui l’a encouragée à concrétiser enfin son projet. « Ç’a été long. Mais ç’a été un bel apprentissage. Je suis très contente qu’on l’aient fait nous-mêmes, finalement. Je le vois comme un projet commun à lui et moi. Et j’ai eu tellement de gens merveilleux qui m’ont fait confiance ! »

 

Mais pourquoi cette fan finie des Hank Williams III, Ryan Adams et Neil Young et qui a toujours écrit en anglais, désirait-elle tout à coup réaliser un album en français ? « J’aime chanter en anglais. Mais j’ai découvert que je pouvais chanter en français et j’ai adoré ça. J’avais écouté d’autres albums français, québécois, dont les textes m’avaient vraiment jetée par terre. Mais quand j’ai entendu l’album de Catherine Durand, Diaporama, j’ai trouvé ça tellement beau ses textes, puis celui de Stéphanie Lapointe, Sur le fil, je me suis dit “Mon Dieu ! C’est en français. Ça me touche, ça me ressemble. Ça se peut, donc !” C’est tellement beau dans notre langue et c’est un défi pour moi. »

 

Avant tout compositrice, Laurence Hélie confie le mandat d’écrire ses textes, sauf deux, à Dave Richard, Brice Homs, Sandrine Roy, Frédérick Baron et Martine Coupal, en plus de composer une pièce en collaboration de Dave Segreti. À la réalisation, on notera le travail de Joe Grass et de Toby Gendron, de même que de Christian St-Germain au matriçage. « Je compose souvent en marchant dans la rue. C’est la vie de tous les jours qui m’inspire des mélodies. J’ai de la misère à m’asseoir pour écrire ; je ne crée jamais sur commande. Et je compose beaucoup avec ma voix, en fonction de ma voix. »

 

Déjà, cette Beauceronne d’origine songe à un deuxième album (souhaitons-le tout aussi charmant et authentique). Fera-t-elle, cette fois, une plus grande place à son talent d’auteure ? « Ce n’est pas tant une question de confiance qu’une question de ne pas écrire pour écrire n‘importe quoi. Pour moi, c’est important de véhiculer un message qui est vrai. Si j’ai de l’inspiration qui me pousse à écrire un texte et que je l’aime et je me sens bien et que… oui, c’est sûr que… mais j’adore mes auteurs. Et j’ai l’impression d’avoir une plus grande fierté encore quand j’ai collaboré avec quelqu’un. »

 

Forte du succès d’estime dont elle jouit (excellentes critiques, no 1 au palmarès Radio-Canada durant deux semaines et choisie par iTunes comme Téléchargement Découverte), de l’équipe qui l’entoure, une tournée de spectacle qui s’amorcera au cours des prochains mois, elle souhaite que sa passion soit contagieuse. « C’est vraiment la seule chose que j’aime faire. J’espère juste pouvoir le faire le plus longtemps possible et être heureuse là-dedans. Je suis très enthousiaste et contente de ce qui m’arrive, mais je prends ça au jour le jour. Je savoure simplement la chance que j’ai de pouvoir être là. »

 

Car, estime-t-elle, dans ce métier, il faut apprendre que jamais rien n’est acquis. « Il faut toujours travailler fort, tout en demeurant réaliste. » D’autant plus en cette période houleuse pour l’industrie. « Mais la musique, elle, va très bien. Il y a tellement d’émergences de musique un peu partout ; c’est fou ! Je pense qu’il faut juste être positif et avoir confiance en l’avenir de la musique. Veux, veux pas, de toute façon… Je pense que les gens qui font ce métier, c’est avant tout une passion et une nécessité. Fais que… »