La première chose qui frappe, avec The Blue Seeds, c’est la joliesse de la pochette signée par l’Italienne Francesca Montanari. Un dessin minimaliste, deux personnages esquissés se tiennent la main, quelques gouttes de pluie. Un climat tristounet, à l’instar de la musique de la formation québécoise. Ce qui n’empêche pas la vigueur. Histoire d’un groupe de pop planante et mélancolique.

 

François Dufault, principal auteur-compositeur du groupe, explique pourquoi ils ont choisi The Blue Seeds comme nom : « J’aimais la sonorité. Et, sans vouloir être trop ésotérique, ce que ça pouvait refléter : la semence du bleu, de la mélancolie. C’était un des aspects de notre musique. »

 

Tout est parti de Dufault, 37 ans, qui tient les guitares et s’occupe des chœurs : « J’avais composé beaucoup de chansons et je cherchais une chanteuse. À part que je ne voulais pas trop chanter moi-même, j’aimais bien l’idée de créer pour quelqu’un d’autre et j’aime aussi les voix féminines. Ça se prêtait bien aux compositions que j’avais. J’ai rencontré Amélie [Laflamme, également au piano et mélodica], on a fait quelques chansons comme ça. Ça s’est super bien passé. Sans trop savoir où ça pouvait mener, on était sérieux dans notre démarche, on voulait faire un disque. Après un démo, on a cherché à former un vrai groupe, des gens qu’on connaissait ou qu’on nous référait. »

 

La musique de The Blue Seeds voyage rapidement. Le EP, produit à 500 exemplaires grâce aux bons conseils de la SOPREF, servira de carte d’affaires, en plus d’être mis en nomination au gala des MIMI en 2005, catégorie EP de l’année. Il amène aussi The Blue Seeds au festival North By Northeast en 2007, alors qu’ils travaillent déjà au premier album complet, enregistré entre 2006 et 2007, et qui sortira finalement au Québec en 2008. Jean-Robert Bisaillon, gérant du groupe qu’il suit depuis ses débuts, rend également possible sa participation à l’événement Popkomm 2008 de Berlin, l’un des principaux salons européens de l’industrie musicale, ainsi que la sortie en avril 2009 de l’album en France (distributeur : Anticraft). S’enchaînent la participation au Printemps de Bourges en 2009 et le lancement du disque en octobre 2009 aux États-Unis, par l’entremise du distributeur IODA

 

En plus de celles d’Amélie et de François, l’album The Blue Seeds porte la marque de Guillaume Chartrain (percussions, mellotron), Marc Chartrain (percussions et batterie), Patrick Hamilton (basse), Roger Miron (guitares) et Dustin O’Halloran (piano, guitare, percussions, etc.).

 

En anglais dans le texte

 

The Blue Seeds, c’est un tissu de riches guitares électriques tendues et posées, et de la voix sensuelle d’Amélie. Envoûtante musique s’il en est. Au Québec, on ne saurait à qui comparer la bande qui chante essentiellement dans la langue de Pink Floyd. François commente : « J’ai passé la majeure partie de ma vie adulte en anglais. Je suis parfaitement bilingue, j’ai habité aux États-Unis, à Toronto aussi. C’était dans une vie antérieure, dit-il, blagueur. Je travaillais en communications. Autant ma vie professionnelle que personnelle se passait en anglais, les amis, les filles. Pour Amélie, l’anglais, c’était nouveau. Finalement, on a inséré quelques chansons en français, des choses que j’ai écrites moi-même. Il y en aura peut-être une sur le prochain album. »

 

Lorsque l’on demande à François de tenter de définir le son du groupe, il s’essaie de bonne grâce : « On n’arrive jamais à mettre ça dans une case précise. Au départ, je mets toute mon attention sur la mélodie, puis avec les autres membres on crée des atmosphères un petit peu cinématographiques. Folk? Pop? Des éléments un peu rock. En écriture, j’ai des modèles comme Leonard Cohen. Sur le plan musical, un peu de Calexico, même si c’est venu sur le tard. Wilco aussi. Et on est plusieurs dans le groupe à aimer Yo La Tengo. »

 

On peut ainsi entrer dans le laboratoire intime de la création façon Blue Seeds : « J’arrive avec la chanson de base, donc la progression d’accords, la mélodie, les paroles. Puis Amélie écoute les morceaux et voit ce qui lui colle le mieux. On en discute, mais c’est elle qui a le dernier mot car c’est elle qui les chante. Une fois la sélection faite, on l’envoie à tous les membres du groupe. Chacun de son côté travaille ses idées d’arrangements, séparément. Maintenant, on fait ça comme ça mais pour le disque c’était tous ensemble dans le local de pratique. Ensuite, on va essayer les idées de tout le monde pour voir comment ça se tient. Je donne néanmoins quelques impressions vagues sur ce que je veux avec les chansons. Un type de guitare, par exemple. »

 

En 2010, les projets ne manquent pas pour The Blue Seeds. Le deuxième opus devrait voir le jour à l’automne avec, en remplacement de Marc Chartrain et Patrick Hamilton, un nouveau batteur (Simon Blouin) et un bassiste tout neuf (Martin Farmer). Cette fois-ci, tout devrait se faire à Montréal, alors que le premier disque a été conçu entre la métropole et l’Italie. Dufault et sa bande songent aussi à se produire en Angleterre, aux Pays-Bas et en Belgique. Le talent s’exporte bien, parfois.