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Ancien technicien de son du défunt Spectrum, Ian Kelly fait paraître un premier album en 2006, Insecurity. Mitonné dans son appartement montréalais, l’opus propose une collection de pièces pop-folk aux accents tantôt acoustiques, tantôt électroniques. C’est à l’automne 2008 que le multi-instrumentiste livre son successeur, Speak Your Mind. Truffé d’arrangements soignés et d’ambiances feutrées, l’album précise davantage le style d’Ian Kelly : entre élans électro chaleureux et folk étoffé. « Lorsque j’ai composé ces chansons, je n’avais que ça à faire pendant un an. C’était un emploi à temps plein. Pour Insecurity, je travaillais à temps perdu ou lors de journées de congé. Je ne me disais pas que j’allais créer un disque complet. J’enregistrais des chansons à mon rythme et je ne savais pas ce que j’allais en faire. J’habitais en ville et je n’avais pas de vraie batterie. Cela a défini le son de l’album. Avec Speak Your Mind, j’avais un budget et de l’aide de la part d’une compagnie de disque (Audiogram). J’ai pris mon temps. C’est beaucoup plus peaufiné. Cela dit, je ne dirais pas que c’est un meilleur disque que le premier. C’est simplement différent, » précise-t-il.

Certifié disque d’or (40 000 exemplaires écoulés), Speak Your Mind est l’album qui révéla Ian Kelly au public québécois. Montréalais d’origine irlando-gaspésienne (sa mère est anglophone, son père francophone), l’auteur-compositeur ne cache pas sa préférence pour la langue de Shakespeare lorsqu’il écrit. Il explique : « Il est plus facile pour moi d’écrire en anglais qu’en français. Les mots me viennent plus naturellement. J’ai toujours baigné dans un environnement anglophone dans ma jeunesse. La musique que j’écoutais était aussi en anglais. De la musique francophone, ça ne jouait pas chez moi. Aujourd’hui, il commence à y en avoir un peu plus, mais c’est tout récent. »

Un flirt avec l’Europe
Ayant fait les premières parties de Christophe Maé, l’automne dernier, lors d’un séjour de l’autre côté de l’Atlantique, Ian prévoit retourner en terre européenne cet été. Destinations : Bruxelles et le sud de la France. Percer à l’échelle internationale serait-il l’un de ses désirs secrets? « Je demeure ouvert aux possibilités. Souvent, dans la vie, ce sont des accidents qui nous guident. Avant, j’étais ambitieux. Je voulais jouer partout! Aujourd’hui, c’est l’Europe qui m’appelle. Le climat est agréable, les restos formidables. De plus, il y a un joli mélange de cultures. Un peu comme à Montréal. Plus j’y vais, plus je vois à quel point il est nécessaire de faire preuve d’acharnement pour réussir à percer ce marché. Mon but n’est pas d’être millionnaire ni d’être reconnu dans la rue. J’aime l’anonymat, la solitude et la vie de famille. J’adore rester chez moi et créer. Je serais satisfait si ma carrière prenait son envol dans quelques pays européens. Je souhaitais gagner ma vie avec la musique et je suis heureux d’avoir atteint mon but, » avance-t-il, souriant.

Grand admirateur d’Eddie Vedder (chanteur et leader de Pearl Jam) et de l’album Parachutes de la formation britannique Coldplay, l’homme signe des textes plutôt sombres. Pour lui, tout événement peut éventuellement devenir source d’inspiration pour une chanson. « Sur mon nouvel album, Diamonds and Plastic, j’ai écrit une chanson sur un arbre qui poussait dans ma cour, infestée par les fourmis. Une autre traite de l’avenir de l’humanité. Je crois qu’il est aussi amusant d’écrire sur le magasinage d’une paire de pantalons que sur le gouvernement. La vie, c’est comme ça. Il y a des moments importants et sérieux et il y a aussi des moments banals et plus creux. J’ai toujours dit que je faisais de la musique et non pas de la chanson. Avant, les textes étaient assez accessoires pour moi. Aujourd’hui, je prête plus attention aux mots et à leur portée, » soutient-il.

Esprit d’équipe
Auto-réalisé, Diamonds and Plastic marque une nouvelle étape dans l’évolution musicale d’Ian Kelly. Non seulement l’opus regorge de magnifiques arrangements de cordes, il se veut le résultat d’un véritable travail de groupe. « Je suis de plus en plus exigeant. J’ai loué un chalet et invité les musiciens avec qui j’ai joué sur scène depuis deux ans. On a joué ces chansons et on les a enregistrées. On s’est permis de jammer et on a enregistré dans cette ambiance festive. On a passé beaucoup de temps ensemble et ça a donné un esprit différent à l’ensemble des morceaux. Disons que j’ai pleinement profité de la présence de mes musiciens. Ils ont amené ma musique dans des contrées insoupçonnées. »

Une tournée québécoise se trame à l’automne pour l’artiste de 32 ans. Entre-temps, deux activités principales occuperont son esprit : la vie de famille et ses autres projets musicaux. « C’est encore assez nébuleux, mais j’ai mis de côté plusieurs chansons que j’aime et qui ne s’adressent pas au même public. Je commence à avoir une belle collection de morceaux. J’ai envie de réaliser ces projets pour moi, d’abord et avant tout, mais je ne veux pas que ça porte mon nom. Ce sera plus rock et beaucoup moins accessible. Les gens seront étonnés. » Véritable boîte à surprises, ce Ian Kelly.