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Attablé devant un bol de café au lait, le jeune chanteur aux yeux bleu acier Alex Nevsky, vêtu d’un « hoodie » de la même couleur, se remémore les événements des derniers mois : un premier album réalisé par Yann Perreau lancé en grandes pompes chez Audiogram, la réponse enthousiaste de la presse, le prix coup de cœur Télé-Québec au dernier Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue… Ce qu’on appelle un bel envol.

À l’horizon, l’étape de la tournée se profile. Alex, 25 ans, fébrile, se prépare à monter sur les planches : « Tout ce qui me fait peur, je vais l’essayer. Je travaille avec la comédienne Brigitte Poupart (mise en scène des spectacles de Yann Perreau, de Florence K et de Beast) et je sais que je vais évoluer beaucoup avec elle. Je veux me mettre en danger; je suis à un âge où on est prêt à tout essayer. »

Âmes frères
Le fait d’avoir un ami-mentor de la trempe de Yann Perreau place la barre haute. C’est alors qu’Alex Nevsky faisait ses classe à l’École nationale de la chanson de Granby qu’un déclic s’est produit entre eux : « Je pense qu’il se voyait un peu en moi, autant dans ce que j’écris que dans le genre de gars que je suis. Moi j’étais gêné au début parce qu’à la base, je capotais sur son travail. Chaque élève devait aller jouer une toune devant lui. Je voyais le reflet de son visage dans le piano droit et je chiais dans mes pants. On a pris une brosse ensemble ce soir là et il m’a dit : N’importe quand, tu m’appelles pour quoi que ce soit et je vais être là pour toi. » Peu de temps après, Alex Nevsky, remarqué partout où il passe, reçoit une bourse du Conseil des Arts et des Lettres du Québec. « Après avoir tourné en rond pendant une semaine, je l’ai appelé. J’avais besoin d’un réalisateur; Yann n’avait jamais fait ça, mais aussitôt qu’il m’a ouvert la porte, j’ai foncé. »

On connaît la suite : première partie des concerts de Yann Perreau où Nevsky apprivoise la scène à la vitesse grand V, finaliste aux dernières Francouvertes et demi-finaliste au Festival de chanson de Granby 2009, Révélation Radio-Canada, en nomination pour le Gamiq de l’étoile montante… Et à travers tout ça, recruté par Audiogram, où fut lancé le 31 août un premier album remarqué : De lune à l’aube.

 

Clair-obscur
Si de nombreux premiers albums voient le jour au bout d’une peine de cœur, c’est dans un tout autre état d’esprit qu’Alex Nevsky a composé le sien puisqu’il venait de tomber amoureux, d’où le côté pop lumineux, l’effervescence qui se ressent tant dans la musique que dans certains textes. « J’aimerais m’éloigner de la thématique amoureuse mais j’ignore comment, admet-il en rougissant presque. Des fois j’écoute Bashung et je me trouve bien jeune et con et naïf à côté. En même temps, je trouve ça beau d’être là où je suis en ce moment. J’ai encore du temps pour cheminer dans l’écriture. »

En parlant avec Alex Nevsky dans ce café, on se rend compte que le titre de l’album, Entre lune et l’aube, n’est pas anodin. Lui même semble suspendu entre l’ombre et la lumière : « J’essaie d’être quelqu’un d’heureux et de souriant dans la vie, mais je ne suis pas que ça. D’ailleurs au début, mon rapport à la musique c’était d’aller brailler au piano, j’avais un peu le syndrome du poète maudit. Les chansons claires sont arrivées plus tard et je me rends compte que j’aime faire sourire les gens. C’est nécessaire que les chansons passent par la lune, mais aussi par l’aube. »

Musicalement, on sent que Nevsky a eu envie d’embrasser large. On a le sourire étampé au visage en fredonnant « Shalalala », et le voilà prêt à nous balancer un slam senti et déstabilisant : « Tristessa », une claque. Sur cet album on navigue entre électro-pop, chanson rock, slam et balade. « D’ailleurs j’ai remarqué que ça dérangeait certaines personnes de ne pas pouvoir me mettre dans une petite boîte », observe celui qui rêve de travailler un jour avec un autre éclectique de son espèce : Gaëtan Roussel.

Ambitieux sans la prétention, à la fois gourmand et généreux, candide mais avisé, Alex Nevsky suit sa bonne étoile. « Depuis ma première ébauche de chanson, mes parents sont derrière moi. À travers leur amour aveugle de parents, ils ont vu quelque chose là-dedans… Ils ont cru en moi et ça, ça donne une drive encore plus grande. » Alex Nevsky a non pas une, mais deux bonnes étoiles. « Oui c’est vrai. Je n’avais pas de plan B. J’avais confiance, j’y croyais… Mais je sais que j’ai été chanceux. »