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Après avoir raflé trois prix au Festival en chanson de Petite-Vallée en 2008, Patrice Michaud remporte les grands honneurs l’année suivante au Festival international de la chanson de Granby. Une étape déterminante dans le cheminement artistique du jeune Gaspésien de 30 ans, bachelier en littérature. « Non seulement cette victoire m’a amené des moyens pour mener à bien divers projets, mais elle m’a aussi donné confiance en moi. La victoire à Granby fut le dernier grand coup de pied au derrière dont j’avais besoin. Ici, la musique, c’est un petit monde. C’est humain. Grâce à cette conquête, j’ai l’impression d’avoir fait les bonnes rencontres aux bons moments, » raconte-t-il.

Du talent à revendre
Optant pour une facture folk-pop étoffée, le chansonnier-conteur gaspésien livrait un premier album, Le triangle des Bermudes, le printemps dernier. Avec des titres tels que « Cahier Canada » et « C’est chien pour les singes », Michaud révélait une plume fort attachante. L’expérience entourant la création de ce disque fut révélatrice de sa façon de travailler. « Cet album s’est fait dans la camaraderie, mais j’ai appris que j’étais assez lâche au niveau créatif. J’écris très peu, très lentement, mais tout le temps. Lorsque je me mets au travail pour écrire de la musique, il n’y a rien qui sort. Souvent, c’est lorsque je fais autre chose et que je ne suis pas prêt que le déclic se produit. J’ai brassé beaucoup d’idées pour cet album. Ce fut un véritable univers de découvertes pour moi. J’avais hâte qu’elles se retrouvent entre les mains de mes collaborateurs. C’était le fun de voir que mes chansons se transformaient, qu’elles prenaient une autre couleur. La musique, c’est une histoire de partage. Il faut que ça prenne racine avec soi, mais que ça se développe avec le talent des autres, » affirme-t-il.

Et ce talent, il est omniprésent sur cette première livraison : une quinzaine de musiciens et chanteurs et un réalisateur de choix, David Brunet (Yann Perreau, Daniel Boucher, Tricot Machine). Cette rencontre déterminante se fait à Granby. « C’est le fruit d’un drôle de hasard. Avant mon inscription, je ne savais pas quels musiciens se retrouveraient sur scène. Je me suis lancé un défi personnel d’y aller avec une petite équipe de musiciens, pas avec le groupe maison. Lorsque j’ai appris que David était le directeur musical du festival, j’ai été déçu. J’aurais vraiment aimé jouer avec lui et ses musiciens. Tout s’est bien passé pendant le festival, mais j’étais un peu amer de mon expérience. J’étais convaincu qu’il y aurait un deuxième chapitre avec David. La chimie opérait entre nous. J’aimais sa sensibilité qui s’accordait à merveille avec mon style. Je devais absolument travailler avec lui, » avance-t-il.

D’Iron Maiden à Desjardins
Fan invétéré de la formation britannique Iron Maiden, Patrice grandit avec cette musique et dévore tout ce que le groupe produit en plus d’assister à une dizaine de spectacles. Puis, tranquillement, il s’immerge dans la musique folk nord-américaine et dans l’œuvre des grands rockeurs-chansonniers : Bruce Springsteen, Neil Young, Ray Lamontagne, mais aussi Dédé et Fred Fortin, Martin Léon et Richard Desjardins. « Quand j’ai découvert cette musique, j’ai eu l’impression que ça faisait longtemps qu’elle faisait partie de moi. J’ai toujours eu un faible pour ces gens qui pouvaient créer des choses magnifiques avec du matériel très simple. Ériger des chansons élégantes, sans employer un langage ampoulé, sans prendre des détours linguistiques complexes, c’est le but que je me fixe à chaque fois que j’écris. En espérant que je l’atteins de temps en temps. Parfois ça marche, parfois moins. Mais une chanson, ça nécessite toujours énormément de travail. Je ne crois pas aux chansons écrites en quelques minutes, » avoue-t-il.

Coureur de fond
Grand admirateur de l’écrivain français Georges Perec, Michaud a plus d’une centaine de spectacles prévus pour les douze prochains mois (en deux formules : duo et groupe). Une rentrée montréalaise au mois d’octobre et des escales au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Ontario, puis en Europe. Pas question de s’assoir sur ses lauriers. La clé du succès : le travail acharné. « C’est clair que je veux faire ce métier le plus longtemps possible. On est là pour rêver, non? Et dans ce métier, le rêve peut se matérialiser assez rapidement. Je suis fier d’affirmer que faire de la musique est ce qui prend le plus de mon temps. Il est certain que j’ai jonglé avec le caractère aléatoire de ce métier. Il y a des périodes de travail, de baisse de régime. Il y a une petite partie de moi qui n’était pas si inconfortable avec la stabilité d’un horaire fixe. C’est un autre rythme de vie. La route est longue, mais je suis un coureur de fond et je m’ajuste tranquillement à mon circuit! »