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Apôtre de la musique classique et contemporaine depuis 40 ans, fin pédagogue tout juste retraité de l’Université de Montréal, José Evangelista se consacre maintenant uniquement à la composition. D’ailleurs, l’ex-professeur titulaire en composition instrumentale et en musique du monde vient de remporter un troisième prix au Concours international de composition de Shanghai 2009 pour O Qin, une œuvre pour guqin, yangqin et orchestre.

 

Joint à Valence, sa terre natale, José Evangelista commente modestement : « C’est un petit prix… mais qui fait très plaisir ! Ma pièce a été créée par le Shanghai Symphony Orchestra sous la direction de Zhang Yi. » Huit compositeurs québécois et canadiens y participaient, et toutes les œuvres étaient commandées par la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ). La pièce gagnante, celle de Denis Gougeon, participera à la finale du concours 2010 qui mettra en lice des compositeurs du Canada, de la France et de la Scandinavie.

 

Une identité musicale québécoise ?

Ce n’est pas un hasard si l’œuvre de M. Evangelista a retenu l’attention du jury. José Evangelista s’intéresse depuis les années 70 aux musiques du Sud-Est de l’Asie (Indonésie, Birmanie), ayant séjourné et étudié le gamelan javanais et le piano birman. Il faut aussi savoir que dans les années 70, José Evangelista fondait, avec John Rea, Lorraine Vaillancourt et Claude Vivier, les Événements du Neuf et des Traditions musicales du monde, une société de concerts d’avant-garde vouée à la diffusion des musiques non-occidentales. « C’est à cette époque, je crois, qu’on a commencé à esquisser l’identité musicale contemporaine québécoise qui s’est notamment manifestée autour de la figure de Claude Vivier. Ce mouvement est allé in crescendo, et beaucoup de jeunes et talentueux compositeurs ont ajouté leur pierre à l’édifice. Mais il y a encore du travail à faire ! »

 

Car José Evangelista reste prudent, et ne détient pas la vérité, bien qu’il fut un témoin et acteur important de la vitalité musicale contemporaine d’ici, qu’il ait parcouru le monde et côtoyé les créateurs d’ailleurs. « En dehors des domaines prestigieux de l’interprétation et de la musicologie, on peut dire qu’il y a de plus en plus de compositeurs étrangers qui viennent étudier auprès de nos maîtres pour l’ouverture culturelle, la curiosité, la variété, là où la tradition n’écrase pas la création. Après toutes ces années de création, d’enseignement et de voyages, je peux risquer une comparaison de nos compositeurs avec la production mondiale; et c’est justement cette perméabilité devant les influences diverses, de la musique populaire et du monde, et d’autres périodes de la tradition classique, entre autres. C’est ce que je considère de plus valable et de plus marquant dans le développement de nos compositeurs. »

 

Pôle d’attraction

Si, dans la deuxième moitié du XXe siècle, nos compositeurs vétérans ont presque tous été s’abreuver aux enseignements des grands maîtres français ou allemands, sans oublier Kagel, Ligeti ou Xenakis, qu’en est-il aujourd’hui ? « L’Europe est encore un pôle d’attraction même si plusieurs vont vers les États-Unis. Il y a eu une évolution assez importante et la situation a beaucoup changé. Avant, les moyens étaient très limités, on manquait de bons interprètes. Aujourd’hui, on a d’excellentes sociétés de concerts, des interprètes professionnels, des festivals importants qui favorisent les échanges et les rencontres et qui donnent l’occasion à nos créateurs de se faire entendre. »

 

José Evangelista oppose la tradition européenne avec la nôtre, encore jeune, mais qui se taille une place lentement et sûrement. Sur l’identité, si certains compositeurs connus parlent d’ignorance culturelle et d’immobilisme politique, de choix de société inadéquats, de renoncement des instances face au soutien et à la promotion des musiques de création, José Evangelista préfère rester optimiste. « Notre tradition musicale n’a pas encore un siècle; il faut continuer à faire notre travail dans le sens du développement. On peut jeter la faute sur le public et le qualifier de paresseux, sur les gouvernements, et sur les compositeurs eux-mêmes, mais tous doivent faire un effort ! À commencer par les médias qui placent souvent la musique sérieuse de concert dans un petit coin… La musique classique en général vit des moments difficiles. On a délaissé plusieurs grands maîtres du XXe siècle, imaginez les courants récents, les nouvelles œuvres, le manque de diffusion… Je me suis battu toute ma carrière pour casser cette image d’hermétisme, de cérébralité, d’inaccessibilité. Je sais seulement qu’il y a une grande vitalité musicale partout sur la planète, qu’il y a beaucoup de compositeurs talentueux, et que, statistiquement, il est impossible qu’il n’y ait pas de grandes œuvres qui émergent. Il faut continuer le combat. »

 

Sur la table de travail de José Evangelista : un concerto pour violoncelle (commandé par la violoncelliste Velichka Jocheva), ainsi qu’une pièce pour guitare à l’intention du guitariste de renommée internationale David Russell.