Translations prior to Fall 2013 are currently unavailable. 

À l’origine, rien ne prédestinait Roch Voisine à devenir une icône de la musique pop québécoise et vendre plus de 11 millions d’albums dans la francophonie mondiale et au Canada anglais. Après tout, il n’y avait aucun musicien au sein de sa famille immédiate, pas même de système de son à la maison. Grand-papa jouait un peu d’orgue et grand-maman pianotait sur les touches noires, mais rien de plus. « Pour être honnête, je ne vivais pas vraiment dans un environnement pro-musique, lance Voisine d’emblée. S’il y avait une tradition, c’était celle du sport. Il y avait de très bons joueurs de hockey. Il est évident que je n’ai pas eu un cheminement typique de musicien de carrière. Je ne pratiquais pas dans le garage. Ado, ce n’était pas mon but dans la vie. Je jouais dans une ligue de hockey, mais je revenais souvent à la musique. À 18 ans, je savais que je ne jouerais pas au hockey professionnellement. Une guitare, ça se transporte facilement et je me suis mis à prendre goût à cet instrument. »

On connaît la suite : méga-succès de l’album Hélène en 1989, qui le propulse dans les hautes sphères du showbiz. Depuis, une vingtaine d’albums ont vu le jour, livrés autant dans la langue de Shakespeare que de celle de Molière. Suivant les traces country-folk de la trilogie Americana, Confidences vient tout juste de paraître dans les bacs. Enregistré à Nashville, berceau de la musique country, l’album propose cette fois-ci du matériel original. Marquant un retour en français sur disque pour Voisine, Confidences a d’abord été lancé en France en 2010. C’est une version adaptée au marché québécois (et entièrement remixée) qui est présentée au public de chez nous.

« Après Americana, ça me tentait d’arriver avec un vrai album country. Je pensais que les Français étaient prêts pour ça. Malheureusement, ils ne l’étaient pas vraiment! C’était un projet bien personnel et j’ai pris un risque. J’ai voulu raconter des histoires, les accrocher en parlant d’eux, de leurs villes et villages. Mais là-bas, le country est une sous-culture pas aussi répandue qu’en Amérique. On n’en entend pas beaucoup parler. Ici, le country influence les gens depuis des générations. Je crois que l’album est taillé sur mesure pour les gens d’ici. Le Français moyen semble allergique à la guitare électrique. Je suis donc retourné à Nashville l’été dernier et j’ai rajouté des guitares. C’était important pour moi de donner plus de punch à certaines chansons, » avance l’homme de 49 ans, la voix vibrante.

«Ça fait 25 ans que je fais mes classes. Je considère que je suis sur le point de graduer. »

Se raconter en chanson
Personnels (« Les p’tits loups », qui évoque Beau Dommage), parfois même carrément autobiographiques (« Le chemin », long morceau de 14 minutes aux élans progressifs) les textes des nouvelles chansons de Roch sont teintés de nostalgie et sertis de souvenirs. L’homme explique : « Plus on avance dans ce métier, plus il devient difficile de trouver une ligne de pensée, de créativité pour un album. À un moment donné, tu as envie de parler au monde, de te confier. Le country renvoie à la nostalgie, au temps passé. À cette période-ci de ma carrière, je pensais qu’il était temps de me raconter. La chanson “Le chemin” est née ainsi. Elle renferme deux pièces en une et parle de mes expériences. Elle a mûri pendant de nombreuses années avant de naître enfin. On m’a dit : “Tu ne pourras jamais sortir ça!” Je l’ai donc laissé dormir. Puis, on m’a répété : “Tu ne vendras plus jamais de disques au Québec! C’est fini!” Ça m’avait choqué d’entendre ces mots car c’était l’avis de bureaucrates. Pas du public. C’est alors que j’ai eu envie de me faire entendre. Pour ce projet, je trouvais que le timing était bon pour ressortir ce vieux morceau. »

Passion pour le métier
Ayant célébré ses 25 ans de carrière en 2011, l’homme continue de multiplier les projets à un rythme impressionnant : une collection best of destinée au Canada anglais, un projet pour la France, des spectacles et un nouvel album en anglais sont déjà à son agenda.

Productif, amoureux des planches, Voisine est un être passionné par le métier. Ça se voit. Ça s’entend. Depuis quelque temps, ce qu’il observe chez certains artistes de la nouvelle génération le déçoit profondément. « Il faut pratiquer ce métier pour les bonnes raisons. Beaucoup d’artistes de la nouvelle génération font ça pour passer à la télé, pour l’argent et la gloire. Avec cette mentalité, ils ont davantage de chance de jouer dans la ligue nationale de hockey que de réussir à vendre des disques! C’est un métier difficile et il faut le faire pour la passion. Rien d’autre. Il ne faut pas lâcher, continuer d’y croire, travailler comme un fou, peu importe les embûches. De plus, il faut être là au bon moment car la chance joue aussi un rôle dans la carrière d’un artiste. Enfin, il faut être bien entouré car ce n’est pas un métier qu’on peut faire tout seul. La compétition est féroce. »

Le Néo-Brunswickois estime qu’il lui reste encore de nombreux défis à relever, comme celui de séduire de nouveaux publics. « Je réalise que j’ai accompli beaucoup de choses dans ma carrière, mais j’ai encore de nombreux rêves. Il y a beaucoup d’endroits où j’aimerais aller chanter. Des publics qui ne connaissent pas ma musique. Je sais que je vais manquer de temps pour tout faire, mais je n’ai jamais donné un spectacle en territoire américain, par exemple. Tout ça prend du temps et de la patience, mais le succès est une chose qui peut arriver très vite. Sortir la bonne chanson au bon moment. Il faut être prêt. Ça fait 25 ans que je fais mes classes. Je considère que je suis sur le point de graduer. »



It’s one of our best-known indie success stories: Toronto’s The Pursuit of Happiness scored big with their first 12” single, thanks in part to a low-budget video in heavy rotation on MuchMusic, the nation’s then-fledgling music station. With its straight talk about growing up, the power-pop song caught the attention of teens and adults alike, and a re-recorded version on 1988’s major label debut Love Junk helped that album hit platinum. TPOH singer-songwriter and guitarist Moe Berg, now a full-time producer, revisits his band’s signature track.

How old were you when you wrote this, and at what point in your songwriting career?
I was in my early-to-mid-20s, still living in Edmonton. I’d been writing songs my whole life and I was at the point where I felt I was starting to write better ones. The genesis started in my mom’s basement, which is where I learned to play guitar.

You inserted yourself, as the writer, into lyrics like “I can’t write songs about girls anymore/I have to write songs about women.” Why?
I do that a fair amount. I guess I came from the school of confessional lyricists like Lou Reed and Joni Mitchell, who put themselves into the song, even if it’s a character. You know they are telling the story.

How autobiographical is it? Were you having a quarter-life crisis?
I guess so. I didn’t have anything in particular going on in my life, I just wrote down what was happening in any given moment. And I guess that day I was thinking about getting older, the idea that your teens are over and your ideas about life are maturing.

I’ve read a lot from other songwriters about their process, and many people talk about songs coming to them, like there is a spiritual benevolence that they channel. I think that’s weird. Like, why would God be so generous to Bob Dylan and Paul McCartney and not so much the general population? What seems more real to me is that some things come naturally to you, and if you work at them you get better. I feel that’s more accurate than God sends you a song once in a while.
So I don’t know if I was planning to write when it happened, but if you arrange your way of thinking as a songwriter, start to organize your thoughts into rhyming words, chorus, then anything you ruminate on can be a song. It becomes intuitive.

Three years after it was an independent hit, you went into the studio with producer Todd Rundgren to make your debut album Love Junk, and re-recorded it. How did that feel?
When you’re young, one of the reasons you need producers and managers is that they can see the bigger picture. When it came time to record our album we thought we should just record our new material, because those other songs were already out there, already done. But everyone said, “No, you need to put ‘I’m an Adult Now’ on there, that’s your song.” I didn’t feel any added pressure to do something different or special in the re-recording sessions, it was just a song. We laid it down rather quickly without hoopla, and it worked out.

What kind of life has it had over the years, in terms of cover versions, or licensing to commercials or films?
There was a time when I would get requests to have it in commercials, and I would always turn them down, because that was an era when it was not a cool thing to do. Now, everyone is trying to get into commercials! I don’t think it’s really been covered, either. But it is also a rather idiosyncratic song, those lyrics, and it’s hard for me to imagine anyone else singing it but me.



Translations prior to Fall 2013 are currently unavailable. 

Originaire de la région de Cochrane dans le nord de l’Ontario et née dans une famille plutôt musicale, Tricia Foster – rencontrée l’été dernier au retour d’une tournée de spectacles – a toujours chanté. « J’ai commencé à l’église, c’était la seule façon de supporter l’heure que je devais passer là, » plaisante-t-elle. Tricia prend par la suite des cours de guitare et de piano, sans s’y consacrer longtemps. « C’est il y a quatre ou cinq ans que j’ai découvert la basse électrique, dont je suis tombée amoureuse. J’ai tout de suite compris cet instrument. »

Au secondaire, elle forme le groupe Contraste, avec lequel elle remporte le concours La Brunante. Le premier prix était l’enregistrement de trois pièces à Radio-Canada à Montréal. C’est le batteur Shawn Sasyniuk, originaire de North Bay, qui réalise celles-ci. Il travaillera également, quelques années plus tard, sur ses deux premiers albums solos.

Tricia déménage à Ottawa à l’âge de 17 ans pour finir son secondaire dans une concentration artistique : « J’y ai beaucoup appris et j’ai fait des rencontres extraordinaires, mais j’ai décidé ensuite de venir m’installer à Montréal. » Peu de temps après, Shawn Sasyniuk la contacte et après quelques jams, elle décide de produire un premier album coécrit avec lui.

À cette époque, ce n’était pas encore clair que la musique deviendrait sa carrière : « Je l’ai su tard ce que je voulais faire. La musique a longtemps été in and out dans ma vie. Je m’intéresse beaucoup à la littérature, à la politique, à la philosophie, à l’environnement et à l’art en général et je suis retournée à l’université à plusieurs reprises pour entreprendre différents bacs. Je descendais dans la rue pour toutes sortes de causes et je rêvais de sauver le monde avec David Suzuki! » Ces intérêts variés et les multiples facettes de sa vie quotidienne enrichiront bientôt son œuvre musicale.

À l’écoute de son premier opus très abrasif et engagé, Tricia 412 (2004), on constate effectivement un souci d’action sociale, politique et environnementale. Tricia dit avoir ensuite réalisé que les changements de société devaient d’abord s’opérer à la maison et elle se réclame toujours de minimalisme et de simplicité volontaire : « Je n’ai pas la volonté de devenir une superstar, je vis simplement et j’aime ma vie un peu bohème. »

Tout en travaillant dans de nombreux restaurants de la métropole, elle lance quatre ans plus tard un deuxième album (Commerciale– un brûlot qui dénonce entre autres l’industrie musicale mainstream) en plus de faire des tournées et d’essayer de compléter ses études. Sa méthode de travail? Encore là, la simplicité d’une artisane : « Pour les textes, je traîne toujours un calepin avec moi et je profite des événements en général et de mes expériences personnelles pour m’en inspirer. Ça demeure ce qui me prend le plus de temps. Pour la musique, c’est très instinctif et je m’entoure de musiciens dont je suis fan, alors je leur laisse pas mal de place. » Par exemple, elle collabore régulièrement avec la Montréalaise née de parents camerounais Cécile Doo-Kingué et une autre Franco-Ontarienne bien connue, Cindy Doire : le trio se baptise Les Cowgirls. Elles partageaient la scène cet été au fameux Festival de la Curd de Saint-Albert, dans l’est ontarien.

On ne se surprend pas d’entendre Tricia dire qu’elle consacre beaucoup de temps à ses textes, et son travail d’orfèvre est mis en valeur par les musiques à la fois modernes et dépouillées qu’elle compose avec ses coauteurs et arrangeurs. Pour son récent album Négligée, elle a modifié son équipe : « J’ai décidé de changer de monde, pas parce que quelque chose s’était mal passé auparavant mais simplement pour essayer autre chose. » On trouve ainsi une touche d’électro et des teintes de jazz et de trip hop dans l’opus rock, réalisé cette fois par Olivier Fairfield, un ancien confrère de classe à Ottawa. Fairfield est également co-auteur de plusieurs textes. Les titres sont forts, audacieux, le style véritablement unique.

À court et moyen terme, entre sa carrière solo et ses participations à de nombreux autres projets, Tricia semble débordée. Lors de l’entrevue, elle allait entrer en studio avec Cécile Doo-Kingué, en plus d’avoir plusieurs spectacles à l’agenda et le projet de sortir quelques simples. Impliquée dans la communauté musicale hors-Québec, elle est aussi vice-présidente de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM), en plus de parrainer des concours et d’accompagner d’autres artistes comme bassiste. Du souffle et de l’énergie à revendre pour cette sympathique antistar!