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À l’origine, rien ne prédestinait Roch Voisine à devenir une icône de la musique pop québécoise et vendre plus de 11 millions d’albums dans la francophonie mondiale et au Canada anglais. Après tout, il n’y avait aucun musicien au sein de sa famille immédiate, pas même de système de son à la maison. Grand-papa jouait un peu d’orgue et grand-maman pianotait sur les touches noires, mais rien de plus. « Pour être honnête, je ne vivais pas vraiment dans un environnement pro-musique, lance Voisine d’emblée. S’il y avait une tradition, c’était celle du sport. Il y avait de très bons joueurs de hockey. Il est évident que je n’ai pas eu un cheminement typique de musicien de carrière. Je ne pratiquais pas dans le garage. Ado, ce n’était pas mon but dans la vie. Je jouais dans une ligue de hockey, mais je revenais souvent à la musique. À 18 ans, je savais que je ne jouerais pas au hockey professionnellement. Une guitare, ça se transporte facilement et je me suis mis à prendre goût à cet instrument. »

On connaît la suite : méga-succès de l’album Hélène en 1989, qui le propulse dans les hautes sphères du showbiz. Depuis, une vingtaine d’albums ont vu le jour, livrés autant dans la langue de Shakespeare que de celle de Molière. Suivant les traces country-folk de la trilogie Americana, Confidences vient tout juste de paraître dans les bacs. Enregistré à Nashville, berceau de la musique country, l’album propose cette fois-ci du matériel original. Marquant un retour en français sur disque pour Voisine, Confidences a d’abord été lancé en France en 2010. C’est une version adaptée au marché québécois (et entièrement remixée) qui est présentée au public de chez nous.

« Après Americana, ça me tentait d’arriver avec un vrai album country. Je pensais que les Français étaient prêts pour ça. Malheureusement, ils ne l’étaient pas vraiment! C’était un projet bien personnel et j’ai pris un risque. J’ai voulu raconter des histoires, les accrocher en parlant d’eux, de leurs villes et villages. Mais là-bas, le country est une sous-culture pas aussi répandue qu’en Amérique. On n’en entend pas beaucoup parler. Ici, le country influence les gens depuis des générations. Je crois que l’album est taillé sur mesure pour les gens d’ici. Le Français moyen semble allergique à la guitare électrique. Je suis donc retourné à Nashville l’été dernier et j’ai rajouté des guitares. C’était important pour moi de donner plus de punch à certaines chansons, » avance l’homme de 49 ans, la voix vibrante.

«Ça fait 25 ans que je fais mes classes. Je considère que je suis sur le point de graduer. »

Se raconter en chanson
Personnels (« Les p’tits loups », qui évoque Beau Dommage), parfois même carrément autobiographiques (« Le chemin », long morceau de 14 minutes aux élans progressifs) les textes des nouvelles chansons de Roch sont teintés de nostalgie et sertis de souvenirs. L’homme explique : « Plus on avance dans ce métier, plus il devient difficile de trouver une ligne de pensée, de créativité pour un album. À un moment donné, tu as envie de parler au monde, de te confier. Le country renvoie à la nostalgie, au temps passé. À cette période-ci de ma carrière, je pensais qu’il était temps de me raconter. La chanson “Le chemin” est née ainsi. Elle renferme deux pièces en une et parle de mes expériences. Elle a mûri pendant de nombreuses années avant de naître enfin. On m’a dit : “Tu ne pourras jamais sortir ça!” Je l’ai donc laissé dormir. Puis, on m’a répété : “Tu ne vendras plus jamais de disques au Québec! C’est fini!” Ça m’avait choqué d’entendre ces mots car c’était l’avis de bureaucrates. Pas du public. C’est alors que j’ai eu envie de me faire entendre. Pour ce projet, je trouvais que le timing était bon pour ressortir ce vieux morceau. »

Passion pour le métier
Ayant célébré ses 25 ans de carrière en 2011, l’homme continue de multiplier les projets à un rythme impressionnant : une collection best of destinée au Canada anglais, un projet pour la France, des spectacles et un nouvel album en anglais sont déjà à son agenda.

Productif, amoureux des planches, Voisine est un être passionné par le métier. Ça se voit. Ça s’entend. Depuis quelque temps, ce qu’il observe chez certains artistes de la nouvelle génération le déçoit profondément. « Il faut pratiquer ce métier pour les bonnes raisons. Beaucoup d’artistes de la nouvelle génération font ça pour passer à la télé, pour l’argent et la gloire. Avec cette mentalité, ils ont davantage de chance de jouer dans la ligue nationale de hockey que de réussir à vendre des disques! C’est un métier difficile et il faut le faire pour la passion. Rien d’autre. Il ne faut pas lâcher, continuer d’y croire, travailler comme un fou, peu importe les embûches. De plus, il faut être là au bon moment car la chance joue aussi un rôle dans la carrière d’un artiste. Enfin, il faut être bien entouré car ce n’est pas un métier qu’on peut faire tout seul. La compétition est féroce. »

Le Néo-Brunswickois estime qu’il lui reste encore de nombreux défis à relever, comme celui de séduire de nouveaux publics. « Je réalise que j’ai accompli beaucoup de choses dans ma carrière, mais j’ai encore de nombreux rêves. Il y a beaucoup d’endroits où j’aimerais aller chanter. Des publics qui ne connaissent pas ma musique. Je sais que je vais manquer de temps pour tout faire, mais je n’ai jamais donné un spectacle en territoire américain, par exemple. Tout ça prend du temps et de la patience, mais le succès est une chose qui peut arriver très vite. Sortir la bonne chanson au bon moment. Il faut être prêt. Ça fait 25 ans que je fais mes classes. Je considère que je suis sur le point de graduer. »